MIEUX DORMIR, TOUT UN ART*Le sommeil est une sorte de protection,
si paradoxal que cela puisse para�tre Samuel Beckett |
Pendant des ann�es, les chercheurs ont consid�r� le sommeil comme un myst�re. Si, d�s le d�but du si�cle, Sigmund Freud �difiait la � science des r�ves � comme la voie royale de connaissance de l'inconscient, ce n'est que depuis une vingtaine d'ann�es que la physiologie du sommeil est r�ellement connue. Nous passons pourtant un tiers de notre vie dans cet �tat passif durant lequel corps et esprit sont d�connect�s du monde ext�rieur o�, n�anmoins, plusieurs fonctions physiques et mentales continuent � ouvrer.
Ph�nom�ne spontan�, le sommeil repr�sente l'un des besoins fondamentaux de l'organisme ; il est un temps de repos indispensable pour r�cup�rer physiquement et psychiquement. Sur le plan physiologique, il se caract�rise par une modification de la conscience ; celle-ci se ferme au monde ext�rieur avec, en corollaire, une �l�vation importante du seuil de r�ponses aux stimuli externes.
Notre sommeil s'organise suivant une succession de quatre � six cycles par nuit. Nous alternons d'un stade � l'autre, passant graduellement d'un sommeil l�ger � profond, suivi d'un premier �pisode de sommeil paradoxal. Chacun de ces cycles dure environ quatre-vingt-dix minutes. Lors de l'endormissement, les ondes c�r�brales se ralentissent progressivement. Cet �tat persiste entre deux et trente minutes selon les individus.
Nous p�n�trons dans la phase de sommeil l�ger o� le corps se d�contracte ; elle est suivie par un sommeil lent qui, au bout d'une vingtaine de minutes, c�de la place au sommeil profond, puis tr�s profond. Nous entrons alors dans la phase de sommeil paradoxal, au cours de laquelle l'activit� du cerveau est aussi importante qu'� l'�tat d'�veil, bien que le corps soit endormi. Ce cycle durant lequel se produisent les r�ves varie entre une heure et demie et deux heures. Nous nous r�veillons durant quelques secondes pour nous rendormir imm�diatement et recommencer un nouveau cycle de sommeil. Mais il arrive pr�cis�ment qu'au cours de ce processus, nous subissions quelques perturbations.
Le sommeil est sensible � tout changement et l'insomnie est souvent l'un des premiers sympt�mes � se manifester. Une r�cente enqu�te de la Sofres r�v�le que 75 % d'entre nous souffrent de troubles du sommeil de mani�re �pisodique et pr�s de 20 % de fa�on chronique. Les insomnies s�v�res avec r�veils multiples, pr�matur�s, sans cause apparente, sont souvent le sympt�me d'une probl�matique dont il nous faut d�celer l'origine.
Aucune d�finition scientifique de l'insomnie n'est donn�e ; psychiatres, m�decins, pensent qu'il s'agit d'une modification qualitative ou quantitative du sommeil et admettent qu'il est impossible de tout expliquer. Ils �voquent un trouble li� � l'histoire de la personne, qu'elle seule est susceptible d'expliquer et de d�coder.
Nombreux sont les facteurs susceptibles de nuire � notre sommeil : un environnement trop stressant, le poids des soucis ou de trop lourdes responsabilit�s ; certains �v�nements du quotidien aussi majorent nos tourments, agitent nos nuits et r�duisent souvent notre temps de sommeil. Nous savons combien la qualit� de notre sommeil est intimement li�e � notre �tat �motionnel.
Fatigue, crampes, peau fatigu�e, muscles endoloris, autant de cons�quences n�fastes de nos nuits en pointill�s o� nous nous r�veillons �puis�s, avec la p�nible sensation de ne pas avoir suffisamment r�cup�r�. Ces d�sagr�ments finissent � la longue par retentir sur notre �quilibre physique et psychique. Le manque de sommeil alt�re la sant� physique et mentale et place l'individu dans un �tat de moindre r�sistance. De telles carences entra�nent une diminution des d�fenses immunitaires et augmentent la vuln�rabilit� � certaines maladies.
Apprivoiser l'insomnie requiert un minimum de discipline : il suffit de quelques changements dans nos modes de vie pour r��duquer notre sommeil et cr�er des conditions propices � l'endormissement. Bien dormir est un art et comme tout art, il s'imagine, se cr�e, se compose, se recompose et se peaufine en accordant une attention particuli�re aux d�tails.
�Dormir c'est se d�sint�resser� nous enseignait Bergson. En effet, l'insomnie n'a d'importance que celle qu'on lui attribue. Le meilleur somnif�re serait, selon les dires d'un ma�tre zen interrog� sur sa facult� de s'endormir n'importe o�, la tranquillit� de l'esprit. � J'ai confiance � a-t-il d�clar� en souriant. La vie et ses �preuves ont quelquefois un effet th�rapeutique, m�me si l'on ne s'en aper�oit qu'a posteriori. Un changement d'environnement, de cadre de vie, d'ambiance, une rencontre amoureuse, un nouveau job, peuvent se r�v�ler salvateurs et venir � bout de l'insomnie la plus tenace. Alors gardons confiance !
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